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DES
LIBERTINS.
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que
estime.
Il
n'y
a
que
l'impudence
qui
le
gaigne.
Et
de
faict
tous
ceux
dont
i'ay
parle
sont
autant
ignorans
qu'on
sauroit
dire.
Et
n'y
a
ne
rhyme
ne
raison
en
leurs
propos,
non
plus
que
si
des
harangiers
')
vouloyent
disputer
d'astrologie.
Ce
qui
a
transmue
Quintin
et
son
compaignon
de
cousturiers
en
docteurs,
a
este
qu'ilz
aymoyent
bien
d'estre
nourris
a
leur
ayse,
et
ce
n'estoit
pas
chose
qui
leur
convint
que
travailler.
Parquoy
ilz
se
sont
advisez
de
gaigner
leur
vie
a
iaser,
comme
les
prestres
et
moines
tont
a
chanter.
Combien
qu'ilz
ont
bien
prins
en
gre
depuis,
l'un
d'estre
huissier,
l'autre
vallet
de
chambre.
Touchant
de
Messire
Antoine,
il
a
pense
que
ce
luy
seroit
un
bel
estat,
que
de
ruminer
a
ces
speculations
apres
avoir
chante
sa
messe.
Car
gens
de
son
estat
n'ont
pas
grand
besongne
a
s'occuper.
Mais
quand
il
aura
[page
28]
este
expose
cy
apres,
en
quoy
consiste
leur
sagesse,
on
verra
encor
plus
clairement
combien
il
est
facile
de
s'y
faire
valoir,
pour
y
acquerir
incontinent
grand
renom.
Il
y
a
deux
raisons
qui
m'ont
meu
de
nommer
ces
malheureux,
lesquelz
autrement
ne
valent
pas
qu'on
parle
d'eux
un
seul
mot:
tant
s'en
faut
que
le
papier
doive
estre
souille
de
leurs
noms.
Premierement,
aucuns
qui
ne
savoyent
pas
que
veut
dire
ce
mot
Libertins,
entreront
en
congnoissance
par
le
nom
de
Quintin.
Et
d'autrepart,
il
est
expedient,
que
des
bestes
si
dangereuses
soyent
marquees,
a
ce
que
chacun
les
congnoisse,
de
peur
d'en
recevoir
dommage
par
faute
d'advertissement.
Au
reste,
ie
say
bien
que
ie
ne
feray
pas
plaisir
a
tout
le
monde,
de
les
publier
ainsi.
Mais
qu'y
ferois
ie?
quand
ie
vois
quatre
garnemens
qui
sont
desia
cause
de
la
ruine
de
quattre
mil
hommes,
estre
encor
deprcsent
tousiours
apres,
au
moins
les
trois,
pour
renverser
la
vorite
de
Dieu,
dissiper
la
povre
Eglise,
abuser
[page
29]
tous
ceux
qu'ilz
peuvent
attraper
en
leurs
filez,
semer
des
blasphemes
execrables,
qui
pis
est,
mettre
tout
le
monde
en
une
confusion
plus
que
brutale:
me
dois
ie
taire
ou
dissimuler?
Quelle
cruaute
sera
ce
a
moy,
si
pour
les
espargner
ou
complaire
a
creature
aucune,
ie
souffrois
qu'ilz
destruisissent
et
gastassentx
tout,
sans
advertir
qu'on
s'en
donnast
garde?
Si
ie
savois
des
brigans
qui
eussent
assiege
un
chemin,
ne
les
devrois
ie
pas
reveler,
de
peur
que
les
povres
passans
ne
tombassent
entre
leurs
mains?
Devrois
ie
cacher
des
empoisonneurs,
qui
auroyent
conspire
de
meurtrir
tout
un
peuple?
Or
n'y
a
il
si
meschant
brigandage,
ne
poison
si
pernicieuse
au
monde,
que
ceste
maudicte
doctrine,
laquelle
tend
a
dissiper
et
abolir
non
seulement
la
Chrestiente,
mais
aussi
toute
honnestete
humaine,
1)
harangieres
1547
suiv.
(cetariae).
Calvini
opera.
Vol.
VIL
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