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CONTRE
LA
SECTE
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bien
et
du
mal,
et
endormans
les
consciences
par
flateries,
a
fin
que
sans
scrupule
chascun
vesquist
&
son
appetit:
abusans
de
la
liberte
Chrestienne
pour
lascher
la
bride
a
toute
licence
charnelle
:
prenans
plaisir
a
mettre
une
confusion
au
monde,
en
renversant
toute
police,
ordre
et
honnestete
humaine.
*)
Car
sainct
Pierre
use
de
ces
motz:
que
comme
bestes
brutes,
qui
sont
nees
pour
estre
prinses
au
filez,2)
ilz
detractent
de
ce
qu'ilz
n'entendent
point,
constituans
leur
felicite
en
leurs
plaisirs
eaduques.
Apres
il
les
accompare
a
des
nuees
agitees
de
tempeste
ca
et
la,
et
a
fontaines
sans
eaue,
entant
qu'apres
avoir
resonne
d'un
haut
style,
comme
s'ilz
vouloyent
transporter
leurs
auditeurs
par
dessus
le
ciel,
ilz
les
attrayent
a
delices
charnelles,
et
les
font
retomber
aux
concupiscences
dont
ilz
s'estoyent
retirez,
en
leur
permettant8)
liberte,
comme
ainsi
soit
qu'ilz
servent
[page
13]
a
toute
corruption.
Et
sainct
Iude
conformement
a
cela
dict
(v.
10),
qu'ilz
blasment
tout
ce
qu'ilz
ne
congnoissent
point,
et
qu'ilz
n'ont
autre
congnoissance
que
leur
sentiment
charnel,
comme
bestes
brutes,
se
corrompans
en
toutes
leurs
apprehensions.
Quiconques
saura
que
c'est
des
Libertins,
regardant
bien
ces
passages
de
pres,
pourra
iuger
que
le
S.
Esprit
nous
y
en
a
voulu
faire
une
description,
pour
nous
advertir
de
nous
en
donner
garde.
Quant
a
moy,
ie
n'eusse
iamais
pleinement
et
au
vif
entendu
toutes
les
choses
qui
sont
la
couchees,
si
ie
ne
les
eusse
recongneues
en
eux.
Mais
pour
ce
que
tous
ne
les
congnoissent
pas,
il
sera
bon
de
leur
approprier
ces
qualitez
selon
qu'elles
leur
competent
a
la
verite.
Pour
le
premier,
quant
a
ce
haut
parler
et
enfle,
dont
il
est
la
dict,
il
faut
noter
que
quand
on
les
orra
du
commencement,
il
pourroit
sembler
advis,
qu'ilz
eussent
este
ravis
en
extase
par
dessus
les
nues.
Car
outre
ce
qu'ilz
ne
parlent
que
d'esprit,
ils
ont
un
language
si
estrange
[page
14]
que
ceux
qui
les
oyent
en
sont
estonnez
du
premier
coup:
et
affectent
cela
de
propos
delibere,
pour
ravir
les
auditeurs
en
admiration,
et
les
esblouyr
par
telles
fumees
:
a
fin
d'entrer
dedans
les
cueurs,
devant
qu'on
s'appercoive
de
l'abomination
qui
est
eu
leur
doctrine.
Mais
apres
avoir
ainsi
escume4)
leurs
hautz
proemes,
ilz
tombent
incontinent
en
ceste
abysme,
d'induire
le
monde
a
une
vie
brutale,
sans
rien
discerner.
Car
ilz
font
a
croire,
que
l'homme
se
tourmente
en
vain,
s'il
fait
scrupule
de
rien:
mais
que
chacun
se
doit
laisser
mener
par
son
esprit.
Ainsi
confondent
tout
ordre,
se
moquant
tant
de
la
crainte
de
Dieu
qu'ont
1)
humanitatem,
denique
honestum
omne.
2)
genitae
ad
captionem
et
perniciem.
3)
promettant
1611
(pollicentur).
4)
despumarunt.
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