7:140
comme
un
corps
ou
il
n'y
auroit
ne
teste,
ne
bras,
ne
piedz,
ilz
usent
souvent
de
manieres
de
parler
lourdes
et
sauvaiges,
1)
et
de
propos
delibere
saultant
a
chacune
foys
du
cocq
a
l'asne,2)
entrelaceant
divers
propoz,
amenent
passages
de
l'escriture
couppez
ou
rompus:
et
se
plaisent
en
cela,
se
faisant
a
croire
qu'il
y
a
beaucoup
plus
de
maieste
a
parler
ainsi
brutivement,3)
que
de
bien
digerer
son
cas
par
ordre.
Or
pour
les
rendre
bien
confus,
il
n'y
a
meilleur
moyen,
que
d'exposer
et
deduire
les
matieres
distinctement
et
par
certain
ordre
demener
un
poinct
apres
l'autre:
bien
poiser
et
regarder
de
pres
les
sentences
de
l'escriture,
pour
en
tirer
le
vray
sens
et
naturel,
user
d'une
simplicite
et
rondeur
de
parolle,
qui
ne
soit
point
eslongnee
du
language
commun.
Quand
on
faict
cela,
ilz
cryent
qu'on
les
veut
decevoir
et
circonvenir
par
astuce
humaine,
et
par
sophisterie.
Comme
[page
188]
si
c'estoit
la
coustume
ou
intention
des
sophistes,
que
d'esclaircir
les
choses
enveloppees.
Quant
a
moy,
ie
confesse,
qu'en
tant
qu'en
moy
est,
ie
m'estudie
a
disposer
par
ordre
ce
que
ie
dy,
afin
d'en
donner
plus
claire
et
facile
intelligence.
Si
les
Anabaptistes
ne
peuvent
porter
cela,
ie
ne
saurois
que
dire,
si
non
que
celuy
qui
faict
mal,
hayt
la,
clarte
(Iehan
3,
20).
Or
pour
donner
quelque
couleur
davantage
a
leur
doctrine,
ilz
ont
faict
imprimer,
avec
leur
resolution,
l'histoire
de
la
mort
de
ie
ne
say
quel
Michel,
leur
cornpliee,
et
adherent
a
leur
secte.
Et
de
faict,
ils
ont
accoustume
de
faire
un
grand
bouclier,
do
ce
que
plusieurs
sont
mortz
pour
avoir
maintenu
leurs
opinions,
sans
s'en
vouloir
retracter:
encor
que
par
ce
moyen
ilz
peussent
eschapper
la
mort,
et
racheter
leur
vie.
Et
de
faict,
c'est
un
tesmoignage
de
belle
apparence,
pour
authoriser
une
doctrine,
quand
un
homme
constamment
et
sans
aucune
difficulte
abandonne
sa
vie
pour
la
confirmation
d'icelle.
Comme
quand
on
nous
propose
ce
qu'ont
endure
les
Prophetes
et
Apostres
et
autres
Martyrs,
pour
maintenir
la
verite
de
Dieu:
nous
sommes
d'autant
plus
fortifiez,
pour
adherer
a
la
foy
que
nous
tenons,
laquelle
ilz
ont
sceellee
[page
189J
par
leur
sang.
Ie
confesse
donc
que
nous
ne
devons
pas
villipender
la
mort
des
serviteurs
de
Dieu,
veu
qu'elle
est
precieuse
devant
sa
face
(Ps.
116,
15):
et
que
leur
constance
et
fermete
n'est
pas
une
petite
aide,
pour
subvenir
a
nostre
infirmite.
Mais
pource
que
nous
pourrions
estre
tous
les
coups
deceuz
en
cela
si
nous
ne
passions
outre:
il
est
question
de
revenir
au
fondement,
1)
absurdis
et
peregrinis.
2)
dedita
opera
a
legione,
quod
aiunt,
ad
culinam
subinde
transsiliunt.
3)
si
balbutiant
et
confuse
loquantur.
|