28:14
raison
le
salut
de
leurs
ames,
et
mesmes
de
ceux
qui
sont
excommuniez
et
reiettez
de
l'Eglise
:
comme
S.
Paul
dit.
De
les
cercher,
nous
ne
le
devons
pas
faire
:
car
ce
seroit
nous
insecter
de
leurs
pollutions,
et
nous
rendre
leurs
complices:
nous
les
devons
plustost
avoir
en
detestation
et
en
horreur,
comme
notamment
il
nous
est
commande.
Mais
cependant
si
est-ce
que
nous
sommes
tousiours
tenus
a
les
secourir
au
besoin,
et
a
eviter
leur
dommage.
Voila
ou
nostre
Seigneur
nous
contraint.
Et
ainsi
notons
bien,
que
sous
la
Loy
il
n'a
iamais
este
licite
d'exercer
inimitie:
voire,
combien
qu'on
eust
des
ennemis,
si
n'a-il
iamais
este
permis
de
cercher
vengeance.
Or
si
ie
suis
tenu
de
secourir
a
l'asne,
et
au
cheval
de
mon
ennemi,
que
doy-ie
a
sa
personne?
seray-ie
exempte
envers
luy,
quand
ie
suis
oblige
envers
son
bestial
?
On
sait
bien
que
non.
Et
en
cela
voyons
nous
la
bestise
qui
a
este,
et
est
encores
en
la
Papaute.
Car
les
docteurs
subtils
disent,
que
de
bien
faire
a
son
ennemi,
ce
n'est
pas
un
commandement
de
Dieu,
que
ce
n'est
qu'un
conseil
que
donne
nostre
Seigneur
Iesus
Christ.
Et
voila
sur
quoy
ils
se
fondent
:
Comment?
C'est
une
chose
trop
difficile,
que
nous
ayons
le
courage
de
bien
faire
a
ceux
qui
nous
haissent
et
qui
nous
persecutent.
Il
faut
donc
conclure
que
Dieu
ne
nous
a
point
commande
cela
:
car
il
seroit
trop
rigoreux.
Si
Iesus
Christ
le
conseille:
et
bien,
c'est
une
perfection
:
mais
tant
y
a
que
nous
n'y
sommes
tenus.
Et
la
dessus
ils
ont
dit,
qu'il
n'y
a
que
les
Moynes,
qui
sont
en
estat
Angelique,
qui
soyent
obligez
a
cela:
voire,
qui
sont
les
plus
vindicatifs
du
monde
neantmoins.
Cependant
il
n'y
a
que
pour
les
Moynes
d'avoir
une
telle
perfection
et
que
de
nous,
qui
ne
sommes
que
gens
laics,
pour
estre
Chrestiens
(disent-ils)
c'est
assez
que
nous
prenions
cela
pour
conseil
:
que
nous
y
tendions,
sans
toutesfois
penser
que
nous
soyons
coulpables
de
peche
mortel,
quand
nous
ne
l'aurons
point
fait.
Il
est
vray
qu'ils
diront
bien,
que
nous
ne
devons
point
hair
personne:
mais
que
nous
soyons
tenus
d'aimer
nos
ennemis,
de
bien
faire
a
ceux
qui
procurent
nostre
dommage:
non:
ils
ne
peuvent
digerer
ce
mot-la.
Et
pourquoy?
Car
ils
sont
preoccupez
de
ceste
imagination
diabolique,
que
Dieu
ne
commande
rien
qui
ne
soit
possible
aux
hommes
:
et
font
la
comme
un
contrepois
ou
une
balance
du
fran
c-arbitre,
et
de
tous
les
commandemens
de
Dieu.
Qu'ils
regardent:
Ne
pouvons-nous
point
cela?
Dieu
donc
ne
l'a
point
commande,
et
ne
le
doit
point
faire:
et
ce
seroit
exceder
mesure,
s'il
l'avoit
fait.
Voire,
comme
si
Dieu
avoit
perdu
son
droict,
quand
nous
serons
si
corrompus
et
pervers
de
ne
pouvoir
accomplir
ce
qu'il
a
ordonne.
Et
ou
seroit-ce
aller?
Si
un
homme
me
doit
quelque
argent,
et
que
par
son
mauvais
mesnage
il
dissipe
tout:
assavoir
s'il
est
quitte
et
affranchi
pour
avoir
ainsi
gourmande
et
le
sien
et
le
mien?
Il
est
certain
que
non.
Or
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