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EPISTRE.
Au
lecteur
fidele
Paix
ei
grace
en
Iesus
Christ.
Par
ce
que
la
dispute
de
la
predestination,
et
election
gratuite
de
Dieu,
semble
a
plusieurs
estre
enveloppee,
et
cognue
de
peu
comme
il
faut,
et
que
cependant
la
droite
cognoissance
d'icelle
nous
apporte
une
grande
consolation
et
confirmation
de
foy,
cela
nous
a
fait
mettre
en
lumiere
ces
treze
sermons
de
Maistre
Iean
Calvin,
esquels
tu
trouveras
ceste
matiere
liquidee
et
vuidee
avec
telle
facilite,
que
tu
auras
dequoy
te
contenter,
si
n'estois
trop
curieux.
Car
c'est
folie,
voire
chose
impossible,
de
penser
satisfaire
a
ceux
qui
outrepassent
toute
mesure,
et
veulent
voltiger
par
dessus
la
capacite
de
leur
entendement,
en
sorte
mesmes
qu'il
riy
a
rien
au
ciel
et
en
la
terre,
ou
ils
ne
veulent
mettre
le
nez
et
leur
groin
pour
y
fouiller
comme
pourceaux.
Et
de
fait
on
n'en
trouve
que
trop
qui
bastiront
des
questions
sur
la
pointe
d'une
aiguille
et
sur
un
sablon
mouvant:
et
si
pour
couper
chemin
a
leurs
curiositez
on
leur
respond
simplement,
qu'il
ne
se
faut
point
enquerir
outre
ce
que
Dieu
nous
a
declare
en
sa
parole,
ils
ne
s'en
feront
que
moquer
et
diront
qu'ils
ont
bien
fait
la
barbe
a
ceux
ausquels
ils
se
seront
adressez
pour
desgorger
leurs
sottises
et
badinages.
Quant
a
nous
retenons
ceste
regle,
que
quand
Dieu
ouvre
sa
bouche
sacree
pour
nous
instruire,
aussi
devons
nous
ouvrir
nos
oreilles
pour
entendre
ce
qu'il
luy
plaist
nous
commander:
D'autrepart
quand
il
ferme
sa
bouche
et
ne
dit
mot,
nous
devons
aussi
fermer
nos
sens
et
boucher
nos
oreilles
pour
riescouter
ce
qui
nous
seroit
dit
contre
son
mandement,
afin
de
n'estre
surpris
et
deceus
par
fausses
et
perverses
doctrines.
Or
s'il
nous
convient
estre
sobres
et
modestes
quand
il
est
question
de
traitter
de
l'Escriture,
et
esplucher
les
secrets
que
Dieu
nous
y
a
laissez
par
escrit,
il
est
certain
que
c'est
en
ceste
dispute
de
la
predestination.
Car
tant
plus
nous
cuiderons
monter
haut
par
la
subtilite
de
nos
entendemens,
tant
plus
nostre
ignorance
et
bestise
nous
abbaissera.
Si
nous
estimons
penetrer
par
nostre
veue
iusques
aux
secrets
de
Dieu,
nous
serons
incontinent
esblouis,
ou
plustost
aveuglez
du
tout
par
sa
grande
clarte.
Car
comme
nous
pouvons
aucunement
regarder
le
soleil
quand
il
se
leve
et
n'est
pas
encor
en
sa
force
:
mais
s1
il
vient
en
sa
pleine
clarte
la
foiblesse
de
nostre
veue
apparoist,
laquelle
nous
sembloit
auparavant
assez
forte
pour
porter
une
telle
lumiere.
Ainsi,
afin
que
nous
parlions
avec
Salomon,
celuy
qui
s'enquerra
de
la
maieste
de
Dieu
sera
opprime
par
sa
gloire.
Que
si
ceste
sentence
est
bien
imprimee
en
nos
coeurs
elle
suffira
pour
rabbatre
la
curiosite
de
nos
esprits,
et
les
tenir
en
leurs
bornes
et
limites,
ll
n'y
a
donc
rien
meilleur
en
cest
endroit
que
de
tenir
nos
sens
serrez,
a
ce
qu'ils
^extravaguent
et
se
iettent
a
l'abandon.
Car
si
nous
sortons
hors
des
gons
par
nostre
au-
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