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BRIEVE
INSTRUCTION
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en
brief,
ce
que
nous
devons
tenir
touchant
de
l'estat
et
condition
ou
elles
sont.
Or
pour
le
premier,
ie
proteste
que
i'en
parleray
plus
sobrement
que
beaucop
ne
voudroyent.
Car
ie
say
quelle
curiosite
il
y
a
en
plusieurs,
qui
voudroyent
qu'on
[page
152]
leur
deschiffrast
par
le
menu,
iusques
aux
chambres
et
cabinetz
ou
sont
les
ames,
en
attendant
le
iour
du
Iugement.
Ceux
qui
voudront
qu'on
les
paisse
de
telles
fables,
fc'abuseroyent
de
les
chercher
vers
moy.
^Car
i'ayme
mieux
me
tenir
a
la
simplicite
de
l'escriture,
pour
enseigner
ce
qui
est
expedient
de
savoir,
que
d'extravaguer
en
l'air,
pour
estre
veu
subtil.7
Or
nostre
Seigneur
prevoyant
qu'il
ne
nous
estoit
point
mestier
d'avoir
plus
ample
intelligence
de
ceste
matiere,
s'est
contente
de
nous
enseigner
simplement,
que
quand
noz
ames
sont
departies
des
corps,
elles
vivent
neantmoins
en
luy,
attendant
l'accomplissement
de
leur
beatitude
et
gloire,
au
iour
du
Iugement,
comme
il
sera
dict
puis
apres.
Arrestons
nous
donc
a
cela,
et
quelque
declaration
que
nous
en
faisions,
ne
passons
point
ceste
mesure,
quant
a
la
sentence.
Mais
pour
y
proceder
plus
clairement,
commencons
par
la
distinction
qui
est
entre
les
ames
des
fideles
et
entre
les
amos
des
reprouvez.
Quand
l'Apostre
dict
en
l'Epistre
aux
Hebrieux,
qu'a
ceux
qui
auront
reiecte
Iesus
Christ,
et
se
seront
destournez
de
luy
a
leur
escient,
apres
avoir
congneu
sa
verite,
il
ne
reste
qu'une
attente
terrible
de
iugement
(Hebr.
10,
27),
il
est
certain
[page
153]
qu'il
ne
parle
pas
seulement
pour
la
vie
presente,
mais
beaucop
plus
regarde
au
temps
a
venir.
Car
les
meschans
ne
concoyvent
point
tousiours
en
ce
monde
le
iugement
de
Dieu
pour
s'en
estonner
et
en
avoir
horreur,
mais
quand
ce
vient
a
la
mort,
ilz
ne
peuvent
fuyr,
qu'ilz
ne
soyent
tenuz
enserrez
en
ce
destroit
de
frayeur
et
estonnement,
congnoissant
la
vengeance
qui
leur
est
appareillee.
Et
cela
nous
est
d'avantage
testifie
par
sainct
Pierre
et
sainct
Iude,
quand
ilz
disent
que
Dieu
n'a
point
espargne
ses
propres
Anges,
qui
ont
decline
de
leur
origine:
mais
les
a
mis
en
prisons
obscures,
les
enserrant,
pour
les
reserver
au
grand
Iour
(2
Pierre
2,
4;
Iude
6).
En
nous
declarant
la
condition
des
Diables,
ilz
nous
monstrent
aussi
bien
quelle
est
la
condition
des
meschans.
Car
c'est
une
mesme
raison.
Ainsi
nous
voyons
que
l'ame
d'un
infidele
estant
departie
du
corps,
est
comme
un
malfaicteur
qui
a
desia
receu
sentence
de
condamnation,
et
n'attend
plus
que
l'heure
qu'on
le
mene
au
gibet
pour
l'executer.
Il
est
bien
vray
que
mesme
durant
la
vie
presente,
que
les
meschans
sont
bien
tormentez
quelque
foys
de
plusieurs
remordz
de
leur
conscience,
et
que
le
iugement
de
Dieu
les
persecute:
mais
d'autant
qu'ilz
s'enyvrent
de
vaines
cogitations,
[page
154]
comme
s'ilz
pouvoyent
fuyr
et
eschapper,
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