21:118 luy avoit commise, c'est la ou il faut que i'admire la grande sagesse de Dieu tournant toutes choses a sa gloire, surtout en ses organes et instrumens plus singuliers. Ceux qui ont veu et cognu a quelles gens il a eu affaire le plus souvent, les choses que Dieu a declarees et faites par luy, les circonstances des temps et des lieux: ceux-la peuvent iuger de quoy une telle vehemence, vehemence, di-ie, vrayement prophetique, a servi et servira a toute la posterite. Et ce qui le rendoit plus admirable, estoit que n'ayant et ne cerchant rien moins que ce qui est tant requis par ceux qui se veulent faire craindre par une apparence exterieure, il faloit que les plus obstinez et pervers flechissent sous la grande vertu de Dieu, environnant son fidele et irreprehensible serviteur. Ceux qui liront ses escrits et cercheront droitement la gloire de Dieu, y verront reluire ceste maieste dont ie parle. Quant a ceux qui traittent auiourd'huy la religion comme les affaires politiques, plus froids que glace aux affaires de Dieu, plus enflambez que feu en ce qui concerne leur particulier, et qui appellent colere tout ce qui est dit plus franchement qu'il ne leur plaist: comme il n'a iamais tasche de plaire a telles gens, aussi feroye-ie conscience de m'amuser a leur respondre. Que diroyent donc ces sages gens et si attrempez (pourveu qu'il ne soit question que de Dieu), s'ils avoyent senti [Z 3] de plus pres une telle colere? Ie m'asseure qu'ils s'en fussent aussi mescontentez, comme ie m'estime et estimeray heureux tout le temps de ma vie d'avoir iouy d'une si grande et rare vertu en public et en particulier. Pour la fin, ie puis protester en verite que iamais ie ne me sauroye lasser de me consoler en l'absence d'un tel et si excellent personnage, en le me representant par le discours de ses vertus tant rares et exquises. Et combien que ie ne puisse sans merveilleux regret penser a sa mort, icelle mesmes toutesfois me console merveilleusement, quand ie considere qu'elle a este telle que c'est comme la couronne et l'ornement de toute sa vie. Il reste que ainsi qu'il a pleu a Dieu le faire parler encore par ses tant doctes et saincts escrits, il soit aussi escoute par la posterite iusques a la fin du monde, quand nous verrons nostre Dieu tel qu'il est, pour vivre et regner eternellement avec luy. Ainsi soit-il. De Geneve, ce 19. d'Aoust 1564. 2 Eois Chap. 2. et 13. Mon pere, mon pere, chariot dIsrael et sa chevalerie. 8*