51:11 11 SERMONS 12 nom souverain, et qu'on cognoisse que toute la maieste de Dieu apparoist et reluist en sa personne. Voila comme nous ne devons point avoir honte de l'Evangile. Et surtout retenons bien ce qu'il est appele par sainct Paul au premier chap. des Rom. la puissance de Dieu en salut a tous croyans. Que donc les mondains, et ceux qui sont tant enflez d'orgueil et d'arrogance comme des crapeaux, mesprisent tant qu'ils voudront l'Evangile, et qu'ils perissent en leur malediction: cependant que par humilite de foy nous embrassions le Fils de Dieu qui se presente a nous, a fin qu'il nous esleve iusques a la gloire du royaume des cieux. Or il y a d'avantage que sainct Paul conioint ici le scandale avec la predication de l'Evangile comme deux choses inseparables. Vray est que nous devons fuir tous scandales tant que il nous sera possible: car mal-heur sur celuy par qui le scandale advient. Mais cependant si faut-il que Iesus Christ regne, et qu'il ait la vogue combien que le monde se hurte contre luy. Le mot de Scandale emporte rencontre ou empeschement, comme s'il y avoit un chemin bossu et pierreux, qu'il y eust quelques espines et ronces et autres difficultez: voila que c'est de donner scandale. Or il seroit a souhaiter que Iesus Christ marchast, et que tout le monde le receust, et que rien n'empeschast que l'Evangile depuis un bout du monde iusqu'a l'autre ne fust publie. Nous devons, (di-ie) souhaiter cela en tant qu'en nous est. Cependant apprenons que Dieu veut esprouver l'obeissance de nostre foy en ce qu'il lasche la bride a Satan, qui dresse beaucoup de scandales et de troubles. Brief nostre Seigneur Iesus Christ n'est pas sans cause appele pierre de scandale, et comme un hurt contre lequel chacun se vient achoper, et se rompre le col par ce moyen : et faut qu'en la fin (comme il est dit en sainct Luc) qu'ils soyent brisez de ceste pierre, car elle est trop dure pour leur obstination. Et ceci encores nous est bien utile: car nous voyons beaucoup de gens si delicats que si tost qu'on ne s'accorde point a l'Evangile, il leur semble qu'ils sont quittes et absous devant Dieu de ne point soustenir une telle querelle. Si les Rois et les Princes avoyent fait publier a son de trompe qu'on ne bataillast plus contre la verite de Dieu, chacun feroit semblant d'estre d'accord: mais auiourd'huy on verra la cruaute si grande, on verra les tyrannies, les despitemens, les menaces et choses semblables. Apres on verra que la pluspart des ennemis sont comme loups ravissans, qui ne demandent qu'a engloutir tout, et sous ombres des biens ils ne cercheront sinon que le sang innocent soit espandu. Les autres auront un zele enrage, qu'ils voudrayent que le nom de Dieu fust aboli, la doctrine de