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107
VIE
DE
CALVIN
108
mois
et
treize
iours,
desquels
il
en
a
passe
iustement
la
moitie
au
sainct
ministere,
parlant
et
escrivant,
sans
avoir
iamais
rien
change,
diminue,
ni
adiouste
a
la
doctrine
qu'il
a
annoncee
des
le
premier
iour
de
son
ministere:
avec
telle
force
de
l'esprit
de
Dieu,
que
iamais
meschant
ne
le
peut
ouir
sans
trembler,
ni
homme
de
bien
sans
l'aimer
et
honorer.
Voila
donc
le
recit
de
sa
vie
et
de
sa
mort,
lequel
aucuns
paraventure
trouveront
long:
mais
ie
puis
dire
a,
la
verite,
qu'il
est
brief
en
comparaison
de
la
matiere
que
le
personnage
a
fournie
de
parler
de
ses
vertus.
Et
de
fait,
*)
qui
eust
voulu
declarer
par
le
menu
la
grandeur
des
affaires
que
cest
excellent
personnage
a
soustenus
par
l'espace
de
vingt
trois
ans
et
par
dedans
et
par
dehors,
il
y
eust
eu
matiere
d'un
bien
gros
volume.
Car
s'il
y
eut
iamais
ville
et
Eglise
rudement
assaillie
de
Satan,
et
courageusement
defendue
durant
ce
temps,
ca
este
Geneve.
L'honneur
en
appartient
a
un
Dieu
seul:
mais
il
se
peut
et
doit
bien
dire,
que
Calvin
a
este
l'instrument
de
la
force
et
vertu
[i
6]
d'iceluy.
S'il
est
question
de
vigilance
en
son
estat,
il
est
certain
que
iamais
Satan
et
les
siens
ne
le
prindrent
a
despourvu,
et
qu'il
n'en
ait
adverti
le
troupeau
devant
le
coup,
ou
preserve
sur
le
champ.
S'il
est
question
d'integrite,
il
est
encores
a
naistre
qui
luy
a
veu
faire
faute
en
son
office,2)
flechir
tant
soit
peu
pour
homme
vivant,
avoir
varie
en
doctrine
ni
en
vie,
ni
iamais
calomnie
personne.
S'il
faut
mettre
en
avant
le
travail,
ie
ne
croy
point
qu'il
se
puisse
trouver
son
pareil.
Car
qui
pourroit
raconter
ses
travaux
ordinaires
et
extraordinaires?
Je
ne
scay
si
homme
de
nostre
temps
a
eu
plus
a
ouir,
a
respondre,
et
a
escrire,
ni
de
choses
de
plus
grande
importance.
La
seule
multitude
et
qualite
de
ses
escrits
suffit
pour
estonner
tout
homme
qui
les
verra,
et
plus
encore
tous
ceux
qui
les
liront.
Et
ce
qui
rend
ses
labeurs
plus
admirables,
c'est
qu'il
avoit
un
corps
si
debile
de
nature,
tant
attenue
de
veilles
et
de
sobriete
par
trop
grande,
et
qui
plus
est
suiet
a
tant
de
maladies,
que
tout
homme
qui
le
voyoit
n'eust
peu
penser
qu'il
eust
peu
vivre
tant
soit
peu:
et
toutesfois
pour
tout
cela
iamais
n'a
cesse
de
travailler
iour
et
nuict
apres
l'oeuvre
du
Seigneur
:
et
n'oyoit
rien
moins
volontiers
de
ses
amis,
que
les
prieres
et
exhortations
qu'on
lui
faisoit
iournellement,
afin
qu'il
se
donnast
quelque
repos.
Mesmes
en
ses
dernieres
maladies,
il
n'a
point
desiste
de
dicter
qu'environ
huict
iours
devant
sa
mort,
la
voix
mesme
lui
defaillant.
Outre
les
peines
innombrables
et
propres
a
sa
charge,
en
toutes
les
diffi-
1)
A
partir
d'ici
on
retrouve
la
substance
et
en
grande
partie
le
texte
de
la
premiere
redacUon
p.
26.43.
2)
il
n'y
a
aucun
qui
lui
ait
veu
faire
faute
en
sa
charge
F.
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