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PAR
NICOLAS
COLLADOK
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qu'il
pouvoit
:
Une
paroy
entredeux
n'empeschera
point
que
ie
ne
soye
conioint
d'esprit
avec
vous.
Il
en
advint
comme
il
avoit
predit
:
car
iusques
a
ce
iour
quelque
infirmite
qu'il
eust,
il
se
faisoit
lever
et
conduire
iusques
en
une
chaire
au
devant
de
sa
petite
table.
Mais
depuis
ce
soir,
il
ne
bougea
onques
*)
de
dessus
ses
reins,
tellement
attenue,
outre
ce
qu'il
estoit
fort
maigre
de
soy-mesmes,
qu'il
n'avoit
que
le
seul
esprit,
hors
mis
que
du
visage
il
estoit
assez
peu
change.
Mais
sur
tout
l'haleine
courte
le
pressoit,
qui
estoit
cause
que
ses
prieres
et
consolations
assiduelles
estoyent
plustost
souspirs
que
paroles
intelligibles,
mais
accompagnees
d'un
tel
oeil,
et
d'une
face
tellement
composee,
que
le
seul
regard
tesmoignoit
de
quelle
foy
et
esperance
il
estoit
muni.
Le
iour
qu'il
trespassa,
qui
fut
le
samedi
27.
iour
de
May
1564,
il
sembla
qu'il
parloit
plus
fort
et
plus
a
son
aise,
mais
c'estoit
un
dernier
effort
de
nature.
Car
sur
le
soir
environ
huict
heures,
tout
soudain
les
signes
de
la
mort
toute
presente
apparurent:
ce
qui
m'estant
soudain
signifie,
d'autant
qu'un
peu
auparavant
i'en
estois
parti,
estant
accouru
avec
quelqu'autre
de
mes
freres,
ie
trouvay
qu'il
avoit
desia
rendu
l'esprit
si
paisiblement,
que
iamais
n'ayant
raalle,
ayant
peu
parler
intelligiblement
iusques
a
l'article
de
la
mort,
en
plein
sens
et
iugement,
sans
avoir
iamais
remue
pied
ne
main,
il
sembloit
plustost
endormi
que
mort.
Voila
comme
en
un
mesme
instant
ce
iour-la
le
soleil
se
coucha;
et
la
plus
grand'
lumiere
qui
fust
en
ce
monde
pour
l'adresse
de
l'Eglise
de
Dieu,
fut
retiree
au
ciel.
Et
pouvons
bien
dire
qu'en
un
seul
homme
il
a
pleu
a
Dieu
de
nostre
temps
apprendre
la
maniere
de
bien
vivre
et
bien
[i
4]
mourir.
La
nuict
suivante
et
le
iour
aussi,
il
y
eut
de
grands
pleurs
par
la
ville.
Car
le
corps
d'icelle
regrettoit
le
Prophete
du
Seigneur,
le
povre
troupeau
de
l'Eglise
pleuroit
le
despartementl)
de
son
fidele
Pasteur,
l'escole
se
lameotoit
de
son
vray
docteur
et
maistre,
et
tous
en
general
pleuroyent
leur
vray
pere
et
consolateur
apres
Dieu.
Plusieurs
desiroyent
de
voir
encore
une
fois
sa
face,
comme
ne
le
pouvans
laisser
ne
vif
ne
mort.
Il
y
avoit
aussi
plusieurs
estrangers
venus
auparavaut
de
bien
loin
pour
le
voir:
ce
que
n'ayans
peu,
pource
qu'on
ne
pouvoit
encores
penser
qu'il
deust
mourir
si
tost,
desiroyent
merveilleusement
de
le
voir,
tout
mort
qu'il
estoit,
et
en
firent
instance.
Mais
pour
obvier
a
toutes
calomnies,
il
fut
enseveli
le
lendemain,
qui
estoit
iour
de
Dimanche,
environ
les
huict
heures:
c'est
a
dire
son
corps
fut
cousu
en
un
linceul,
et
mis
en
1)
jamais
F.
2)
depart
F.
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