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SERMONS
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bien
au
hazard
et
a
l'adventure,
nous
pourrons
estre
paisibles,
et
quand
Dieu
nous
declare
qu'il
sera
gardien
de
ce
qu'il
nous
faut
employer,
n'estce
pas
grand'pitie
que
nous
soyons
en
perplexite
et
inquietude,
et
qu'il
nous
semble
que
tout
soit
perdu,
si
nous
ne
voyons
la
chose
incontinent
accomplie.
Voila
donc
ce
que
nous
avons
a
observer
eur
ce
mot,
c'est
a
scavoir
de
nous
tenir
comme
bridez
iusques
a
ce
que
le
temps
opportun
soit
venu.
Car
ce
n'est
pas
a
nous
d'assigner
iour
certain:
il
faut
que
cela
soit
en
la
main
de
Dieu.
Contentons
-
nous
donc
qu'il
veut
exercer
nostre
patience,
et
cependant
que
le
terme
ne
sera
point
prolonge
outre
ce
qui
nous
sera
utile.
Au
reste
S.
Paul
aussi
nous
a
voulu
retirer
de
ce
monde:
car
nous
demandons
profit
temporel.
Il
est
vray
que
nous
serons
bien
contents
que
Dieu
nous
le
donne:
mais
si
est-ce
qu'en
cela
nous
monstrons
que
nous
sommes
du
tout
terrestres.
Car
celuy
qui
fera
quelques
aumosnes,
encores
qu'il
vueille
servir
a
Dieu,
si
est-ce
qu'il
voudroit
bien
que
pour
un
denier,
il
deust
recevoir
bientost
un
solz
ou
un
florin,
et
sous
ombre
de
quelques
petites
aumosnes
qu'il
fera,
il
demanderoit
d'engloutir
de
coste
et
d'autre.
D'autant
donc
que
nous
voudrions
ainsi
marchander
avec
Dieu,
S.
Paul
pour
corriger
un
tel
vice
dit
qu'il
nous
faut
regarder
ou
Dieu
nous
appelle,
c'est
a
scavoir
a
ce
grand
iour
ou
chacun
sera
salarie.
Ainsi
donc
combien
qu'il
semble
que
tout
perisse
quant
a
ce
monde
et
a
la
vie
presente,
ne
laissons
pas
de
tousiours
esperer
en
Dieu,
lequel
est
fidele
de
garder
nostre
depost,
et
mesmes
qu'il
surmontera
tout
ce
que
nous
pouvons
esperer,
moyennant
que
de
nostre
coste
nous
ayons
patience.
Sur
cela,
il
conclud,
que
cependant
que
nous
avons
temps
et
loisir,
que
nous
facions
bien
envers
tous,
mais
principalement
vers
les
domestiques
de
la
foy.
Or
en
disant
qu'il
nous
faut
mettre
peine
cependant
que
nous
avons
loisir
a
bien
faire,
il
nous
propose
quelle
est
la
briefvete
de
nostre
vie.
Et
encores
en
cest
endroit
nous
voyons
une
mauvaise
maladie
en
nous,
car
il
nous
semble
qu'un
iour
est
comme
un
an.
Et
n'y
aura-il
iamais
fin?
Et
faudra-il
tousiours
continuer?
Et
sera-ce
tousiours
a
recommencer?
Voila
donc
comme
chacun
se
fait
accroire
que
le
temps
de
bien
faire
est
trop
long.
Et
la
dessus,
O,
i'y
viendray
encores
assez
a
temps:
car
si
ie
me
despouille
auiourd'huy,
et
demain
qu'on
m'en
demande,
ie
n'auray
plus
de
quoy,
il
vaut
donc
mieux
que
ie
m'en
reserve.
Or
ces
reserves
la
sont
telles
que
iamais
on
ne
trouve
l'opportunite
de
bien
faire,
car
chacun
voudroit
que
son
compagnon
allast
devant,
et
non
pas
pour
le
suivre
a
bien
faire,
mais
pour
tousiours
se
tenir
enserre.
Or
a
l'opposite
sainct
Paul
nous
monstre
que
si
nous
considerions
prudemment
la
chose
telle
qu'elle
est,
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