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VIE
DE
CALVIN
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d'un
chacun,
que
ie
ne
scaurois
mesmes
le
me
ramentevoir
sans
une
extreme
tristesse.
Environ
ce
temps-la,
une
femme
honorable
[i
l']
et
vertueuse,
d'une
bonne
ville
de
France,
vint
expres
a
Geneve
pour
le
voir,
pource
qu'elle
l'avoit
autresfois
ouy
en
France
parlant
de
Dieu,
et
avoit
profite
en
la
cognoissance
de
la
verite
par
son
moyen,
il
y
avoit
bien
trente
ans
ou
environ.
Il
fut
bien
aise
de
la
voir
apres
un
si
long
temps,
et
elle
eust
fort
desire
de
l'ouir
prescher
ici:
mais
voyant
bien
qu'il
luy
estoit
impossible,
elle
se
contenta
de
l'ouir
parler
en
prive,
*)
selon
que
la
debilite
de
son
corps
le
permettoit.
De
la
mesme
ville
aussi,
se
retira
lors
ici
un
homme
ancien,
qui
de
son
ieune
aage
lui
avoit
este
fort
familier
aux
estudes,
et
lequel
il
n'avoit
reveu
depuis
quil
estoit
sorti
de
France.
Ce
luy
fut
aussi
une
resiouissance
de
voir
ce
personnage-la.
Cependant
il
n'oublioit
d'admonnester
l'un
et
l'autre
de
leur
devoir
envers
Dieu
et
son
Evangile
:
mais
le
tout
faisoit-il
en
merveilleuse
simplicite
et
sans
ostentation,
tellement
toutesfois
que
ce
n'estoit
point
froidement,
ains
avec
zele
et
efficace.
Au
reste,
pour
se
resiouir
honnestement
en
attendant
la
volonte
de
Dieu,
il
faisoit
prier
aucunes
fois
a
souper
certains
de
ses
amis,
tant
de
ceux
du
pays,
que
de
ceux
qui
s'estoyent
ici
retirez
pour
l'Evangile
:
et
nommement
une
fois
il
eut
a
souper
ces
deux,
dont
ie
vien
de
parler
dernierement.
Ie
ne
vueil
oublier
qu'un
certain
Seigneur
du
pays
de
France,
qui
lors
seiournoit
en
ceste
ville,
le
vint
voir
plusieurs
fois,
et
mesmes
un
iour
fit
apporter
son
souper
en
la
chambre
dudit
Calvin.
Le
second
de
May,
ayant
receu
lettres
de
M.
Guillaume
Farel,
ministre
a
Neuf-chastel,
duquel
il
a
souvent
este
parle
ci
dessus,
et
sachant
qu'il
deliberoit
de
le
visiter,
estant
octogenaire,
ou
plus,
il
lui
rescrivit
en
Latin
la
lettre
qui
s'ensuit:
Bien
vous
soit,
tresbon
et
trescher
frere:
et
puis
qu'il
plaist
a
Dieu
que
demeuriez
apres
moy,
vivez
:
vous
souvenant
de
nostre
union,
de
laquelle
le
fruict
nous
attend
au
ciel,
comme
elle
a
este
profitable
a
l'Eglise
de
Dieu.
Ie
ne
veux
point
que
vous-vous
travaillicz
pour
moy.
Ie
respire
a
fort
grand'peine,
et
atten
d'heure
en
heure
que
l'haleine
me
faille.
C'est
assez
que
ie
vi
et
meurs
a
Christ,
qui
est
gain
pour
les
siens
en
la
vie
et
en
la
mort.
Ie
vous
recommande
a
Dieu,
avec
les
freres
de
par
de-la.
De
Geneve
ce
second
de
May
1564.
Le
tout
[i
2]
vostre,
Iean
Calvin.
Toutesfois
le
bon
homme
Farel
ne
tarda
gueres
apres
a
se
mettre
en
chemin,
pour
voir
son
ancien
compagnon
et
ami.
Estant
venu
ils
deviserent
et
souperent
ensemble,
1)
particulier
F.
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