51:102 a commis en charge, comme il l'ordonne par sa parole. Dieu parle-il ainsi, non seulement pour un coup ou pour deux, mais tant de fois: que s'il y avoit une seule goutte de fiance en nous, il est certain que nous en serions assez resolus: tant y a que tousiours nous sommes plongez ici-bas, et ne pouvons croire et nous persuader que Dieu parle a bon escient. Ce n'est point donc sans cause que sainct Paul met ici en avant la promesse que nous recueillirons, comme s'il disoit, Poures gens, vous estes si bouillans quand quelque profit se monstre: encores que l'issue en soit douteuse, si est-ce que vostre cupidite vous pousse la: et chacun desboursera volontiers. Et voici Dieu qui est seul veritable et ne peut mentir, qui nous asseure tant de fois et nous testifie que ce que nous luy mettons en main sera pour nous rapporter un fruict inestimable, et cependant que nous ne puissions point adiouster foy a tant de promesses qu'il nous donne, luy scaurions nous faire plus grand'iniure que cellela ? Il ne nous doit rien quant a luy : ce qu'il nous promet c'est de son bon gre, sans qu'il y soit oblige nullement, et cependant il n'y a rien qui nous puisse induire a le servir. Voila donc ce que S. Paul nous propose, a fin que un chacun de nous s'efforce a corriger ceste maudite racine d'avarice, qui est si profonde en nos coeurs, que il faut bien nous faire violence quand il est question de suyvre la ou Dieu nous appelle, et surtout quand il nous faut eslargir des biens qu'il nous a commis en charge pour en estre fideles dispensateurs. Mais notons quant et quant le mot qu'il adiouste, c'est (dit-il) en saison opportune. Or ceci est pour nous confermer et fortifier en patience. Car nous voudrions que Dieu du iour au lendemain, voire du premier coup il nous monstrast le profit duquel il nous parle. Un laboureur se tiendra quoy quand il aura iette sa semence en terre: il verra la terre gelee, il verra que la neige la couvre, il y aura vents et pluyes, et froid et chaud: et le laboureur neantmoins attend tousiours que le temps de moisson soit venu. Ceux qui menent train de marchandise mettent leur argent, voire leurs personnes propres en grand hazard: et puis leur argent va et trotte, et tracasse de coste et d'autre, et toutesfois comme ils sont accoustumez de vendre et d'acheter, ils scavent bien qu'ils ne recevront pas le profit du premier iour: mais ii faut qu'ils attendent que le temps soit venu. Cependant il n'est point question de rien esperer ni attendre quand nous avons a faire a Dieu: et toutesfois la chose nous doit estre toute certaine: et mesmes le terme ne nous doit point sembler trop long si nous eslevons nos esprits a ceste eternite du royaume des cieux, nul toutesfois n'est patient. Cependant que nous aurons iette nostra 7*