51:100 son sainct Esprit, et que nous serons disposez a le servir, et aussi a bien faire envers ceux qui demandent secours de nous. Or il y a l'infidelite d'une part qui nous retient, pour ce qu'il semble que terre nous doit fallir: et si quelqu'un doit estre secouru, nous pensons qu'il nous pourra venir semblable faute et disette. Voila donc comme nous sommes retenus pour ce que nous sommes enveloppez en ce souci, et sommes insatiables en nos cupiditez, et nous semble que rien ne nous suffira. Et puis nous serons solicitez aussi a cercher des excuses. Car nous alleguerons que nous ne scavons pas si celuy qui se plaint a telle faute comme il dit, et s'il y a si grande pitie. D'autre coste que le monde est si malin et pervers qu'on ne scait a qui bien faire, et que c'est perdre le bien le plus souvent, et qu'il y a telle ingratitude, qu'il vaudroit mieux laisser avoir faim et soif a ceux qui se plaignent que de leur donner occasion de offenser Dieu en trompant ainsi et en se moquant. On trouvera tousiours assez d'excuses et d'eschappatoires pour bien faire, comme l'experience le monstre par trop, attendu sur tout que de nature nous sommes tant lasches et debiles. Tant plus donc nous faut-il bien recorder la lecon que nous propose ici sainct Paul, c'est de poursuivre sans nous lasser, voire en bien faisant. Or il est ici question de nous elargir: et quand nous avons du bien, de l'appliquer pour subvenir a la disette de nos prochains. Et nous scavons que sainct Paul a commence par les ministres de la parole. Mais il nous exhorte tous en general, attendu que Dieu nous a conioints ensemble, et nous a mis au monde a ceste condition qu'un chacun regarde en quoy il pourra aider ceux qui ont faute de luy. Que nous appliquions nostre vie a cela a fin de ne pervertir Tordre de nature. Et puis d'autant que nous sommes tant lasches et tant froids, et qu'aussi nous pourrions trouver beaucoup d'occasions pour nous empescher et pour rompre le zele que nous aurions de nous acquitter de nostre devoir, que nous surmontions toutes difficultez, et que nous prenions courage pour ne point defallir. Et d'autant plus que le monde est auiourd'huy venu au comble d'iniquite, d'ingratitude et de malice, ii nous faut surmonter telles tentations, regardans plustost a Dieu qu'a ceux qui ne sont pas dignes d'estre secourus au besoin. Car quelque malice qu'il y ait par tout le monde, si est-ce que Dieu demeurera tousiours immuable en son propos: c'est a scavoir que chacun de nous doit regarder ce qu'il peut, et le moyen qui luy est donne, et que nous ne soyons point nais pour nous mesmes (car Dieu aussi ne nous a pas creez a ceste intention), mais que chacun se pousse et quasi se contraigne pour aider a ceux qui demandent secours de luy: et encores