34:10
ie
doy
concevoir:
car
Dieu
me
presse
d'une
facon
si
estrange,
que
si
ie
parle,
ie
ne
fay
qu'augmenter
ma
douleur:
si
ie
me
tay,
il
n'y
a
nul
allegement
pour
moy.
Me
voila
donc
comme
un
homme
englouti
en
toutes
afflictions.
Voila
en
somme
ce
que
veut
dire
Iob
:
que
soit
qu'il
parle,
ou
se
taise,
ii
n'est
allege
en
facon
que
ce
soit.
Voila
aussi
comme
David
se
complaint
au
Pseaume
32
(v.
3)
que
son
mal
l'a
tellement
presse
et
angoisse
qu'il
ne
sait
que
devenir,
ne
quel
remede
y
cercher.
Quand,
dit-il,
ie
me
suis
lamente,
et
que
i'ay
cuide
par
ce
moyen-la
avoir
quelque
adoucissement
de
ma
douleur,
le
feu
s'est
allume
d'avantage.
Si
i'ay
eu
la
bouche
close,
et
que
ie
me
soye
la,
voulu
comme
abbatre
devant
Dieu,
aussi
bien
mon
coeur
s'est
tormente,
et
comme
descire
par
pieces:
et
lors
ma
douleur
m'a
presse
si
vivement,
qu'elle
ne
s'est
point
restreinte
pour
cela.
Et
en
l'autre
passage
il
dit
(Pse.
39,
2),
qu'il
avoit
conclu,
cependant
que
les
meschans
avoyent
la
vogue,
de
ne
sonner
mot,
d'estre
la
comme
un
muet.
Mais
quoy?
dit-il,
ie
n'ay
peu
me
tenir
en
ce
propos
:
car
quand
i'ay
voulu
ainsi
me
restreindre,
en
la
fin
il
a
fallu
que
les
bouillons
esclatassent.
Comme
un
pot,
quand
le
feu
sera
grand,
combien
qu'on
le
couvre,
il
faut
que
les
escumes
sortent
de
quelque
coste
que
ce
soit.
Or
ceci
est
bien
digne
d'estre
note.
Car
quand
Dieu
nous
envoye
quelque
maladie,
ou
quelque
povrete,
lors
il
nous
semble
que
iamais
homme
n'a
este
si
rudement
traitte
que
nous:
et
voila
qui
est
cause
de
nous
mettre
en
desespoir,
ou
de
nous
inciter
a
toute
impatience,
et
que
nous
venons
aussi
a
nous
eslever
contre
Dieu,
ou
bien
il
nous
semble,
que
les
fideles
qui
ont
este
devant
nous,
combien
que
Dieu
les
affligeast,
n'estoyent
pas
tant
infirmes
comme
nous,
mesmes
qu'ils
n'ont
eu
nulles
passions.
Et
cela
aussi
est
cause
de
nous
augmenter
nostre
torment.
Et
pourtant
retenons
ce
qui
est
ici
dit,
c'est
assavoir,
Que
Dieu
a
tellement
presse
les
siens,
ceux
(di-ie)
qu'il
aimoit,
et
desquels
il
avoit
le
salut
cher
et
precieux:
il
les
a
toutes
fois
amenez
iusqu'a
ceste
extremite-la,
qu'ils
n'avoyent
plus
de
contenance,
ils
ne
savoyent
parler,
ne
se
taire.
David
ne
fait
point
une
telle
confession
sans
cause,
mais
c'est
pour
la
doctrine
de
tous
enfans
de
Dieu.
Car
quand
nous
voyons
qu'un
homme
rempli
de
telle
vertu,
ayant
une
telle
constance
du
sainct
Esprit,
neantmoins
est
mis
iusques
au
bas,
et
qu'il
ne
sait
ce
qu'il
a
a
faire,
qu'il
est
comme
au
bout
de
son
sens:
faisons-en
nostre
profit,
et
si
Dieu
nous
envoye
des
tentations
si
dures,
que
nous
soyons
iusques
au
bout,
que
nous
n'en
puissions
plus:
et
bien,
que
cela
ne
nous
soit
point
nouveau,
car
nous
ne
sommes
pas
les
premiers.
David
nous
monstre
le
chemin,
et
il
est
sorti
d'une
telle
fange,
Dieu
lui
a
tendu
la
main,
et
apres
qu'il
l'a
humilie
|